Team 85: Trail, CO, Raid...

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Templiers 2010


Le récit des Templiers

La Grande Course des Templiers


Le préambule

Il est quatre heure et le village de Peyreleau dort encore. Dans quelques heures, 2400 traileurs viendront rompre la quiétude de ce petit village aveyronnais : Km 23 sur le roadbook des Templiers. Pour tous les coureurs natures cette épreuve est un pèlerinage. On y vient pour ses paysages, son dénivelé (+ de 3000m positif) mais aussi pour souffrir 70 km. Millau comme point de départ et les Causses avec les gorges de la Jonte et de la Dourbie comme terrain de jeu…


Pour Fab’ et moi c’est une première. Après la course des Vulcain dans la neige en mars, après le tour de l’île d’Yeu dans le sable en juin, après le trek sur le GR10 en août, nous voilà « au pied » du Viaduc pour un défi que nous préparons depuis 4 mois.


Dans notre petit gîte ce matin l’ambiance n’est pas à la fanfaronnade. La grande course des Templiers est un train d’occuper tout notre esprit. La pression est palpable. Les longs silences mais aussi les regards inquiets annoncent que le compte-à-rebours a bien commencé. J’ai l’impression que ces moments se déroulent au ralenti. Ces instants d’avant course mêlant excitation et appréhension  ont une telle intensité que la course et le résultat ne semble plus avoir d’importance. Il s’agit juste d’être bien et de vivre ensemble quelque chose de fort.

Mais pour l’instant il est 4h15 et chacun s’est isolé dans « sa bulle » et se prépare tranquillement. Bouchée par bouchée j’avale un gatosport qui a du mal à passer. Malgré une préparation minutieuse la veille, je vérifie encore et encore mon Kamel. Je me bande les orteils pour éviter les ampoules et je prépare une poche hermétique avec portable, appareil photo et mp3.


L’heure tourne et il est temps d’y aller. Il ne pleut pas encore mais les prévisions météo de la veille vont très vite s’avérer exactes. Sur la route qui nous mène à Millau, les premières goutes de pluie viennent heurter le pare-brise. Il en faut plus pour nous décourager et c’est remonté à bloc, que nous arrivons à Millau. De nombreux coureurs sont déjà là et après « une pause derrière la haie » nous suivons le cortège sous une pluie fine à la lueur des lampadaire : il est 5h30.

 

Enfin sur la ligne…

La structure gonflable du départ est là, face à nous. Un petit cliché pour immortaliser le moment et c’est parti. Ah non ! J’ai oublié le dernier pipi, le pipi de stress, le pipi de trois gouttes dont une pour le slip. Cette fois c’est bon.

Il est 5H45 et enfin nous intégrons la foule de coureurs qui est en pleine effervescence. Certains retouchent leur frontale, ajustent leurs bâtons ou bien resserrent leur Kamel. D’autres discutent de leurs exploits ou de celui à venir… quelques uns aussi, restent là comme tétanisés, absorbés par l’événement.

 Pour ma part je pense au futur petit bout et à sa maman – je pense à la blessure toujours possible – je pense à la chance d’être là et puis l’émotion me gagne. Fab’ à côté n’est pas plus bavard. Nous écoutons au micro T.Lorblanchet, T. Breuil ou M. Giraud répondant aux questions du speaker. Nous ne les verrons pas … et je crains qu’on ne les rattrapera pas avant l’arrivée.

 

5-4-3-2-1-0... Ameno

Les feux de Bengale s'allument et la musique d'Era résonne dans la rue. Nous sommes en milieu de peloton et les premiers mètres se font en marchant. Cela me permet d'apprécier plus longtemps ce moment. Quatre mois pour ça, alors il ne faut pas se priver. Et il le fallait. L'effervescence nocturne aura vraiment été de courte de durée. Moins d'un kilomètre après le départ, première petite bosse. Cela m'oblige rapidement à "débâcher" (expression Mauricienne qui veut dire enlever la 3ème couche de vêtement).

Il fait vraiment bon à courir, la pluie n'est pas très insistante et les voyants sont au vert tout est parfait. Malgré tout, je suis tellement concentré que j'ai du mal à apprécier pleinement ces moments. Il me faudra bien plus d'une heure et l'arrivée du jour pour me relâcher et courir "sans pression" ou presque. 

Fab' m'a déjà lâché. Le Nesmysien semble avoir des jambes ce matin. C'est donc "seul" que je grimpe la montée de Carbassas. Cette petite 1/2 h n'est pas vraiment agréable. Nous somme vraiment nombreux et je grimpe un peu en sous régime. Je me dis cependant que c'est mieux ainsi. Cela m'évitera peut-être de me griller trop vite.

Il est 7h40 et la côte semble se terminer. La moyenne en a vraiment pris un coup. Objectif intermédiaire: 9 km/h à Peyreleau.

 

Et le jour se leva!

Sur le plateau, le rythme est assez bon. Je me sens un peu pris du nez mais les jambes répondent bien... heureusement car il reste encore 55 bornes.

Dans l'ensemble, je me fais doubler plus que je ne double. Je "croise" d'ailleurs Christian Auvinet qui commence à produire son effort. Juste le temps d'échanger quelques mots qui réussiront cependant à me mettre la larme à l'oeil... Petite musique dans les oreilles, une petite pensée à ma femme et à ma futur fille et le jour qui se lève. La petite brume dans la vallée se dissipe doucement : c'est magnifique.

 

Toujours pas de Fab' alors que nous commençons la descente. Finalement ça ne bouchonne pas vraiment. A peine le temps d'apprécier ces petites accélérations que nous arrivons à Peyreleau. La foule y est vraiment enthousiaste et ça fait chaud au coeur. J'y retrouve la bande à Nico (13ème la veille au 110 km) mais ...

 

Où est Fab'?

J'espère le voir au ravito mais personne.

_ Où est Fab'?

_ Il n'est pas encore arrivé!

Je me dis que finalement c'est plutôt pas mal et que je vais pouvoir ravitailler tranquille... Ben pas vraiment. A peine une minute nous séparait. Sur 23 km c'est ce qui s'appelle être synchro!

Nous bouclons donc ce premier tronçon en 2h48. Cela nous laisse 35' sur la barrière horaire. Enfin pas de quoi trainer non plus et d'ailleurs les gars nous pousse à repartir rapidement. Il faut effectivement bien se placer pour la prochaine montée si l'on ne veut pas perdre trop de temps.

La pause nous a fait du bien et c'est à deux que nous repartons. "C'est bon pour le moral.

Le sentier, le long de la Jonte, est assez agréable. Hors mis mon problème de pression (trop d'eau gazeuse dans le camel), c'est le pied.

Mais rapidement nous atteignons la grimpette vers le champignon préhistorique. Le mauvais temps poussera l'organisation à modifier le parcours : nous éviterons donc ce site soit environ un kilomètre et demi de gagné... Je prends...

 

Vers Saint André de Vézines

Mais cette montée va me faire mal. Les nombreux faux-plats me coupent les jambes, je ne peux pas relancer. Bref vivement le ravito pour recharger les batteries.

Nous atteignons la route, avec elle, les premiers spectateurs et leurs encouragements... plus que 500 m et ça descend.

Et c'est un peu dans le jus que le second CP est franchi. Soulagement nous sommes 1016ème et nous avons encore pas mal d'avance sur le temps barrière. 36 km en 4h 35.

Pendant le ravito, je sens que je me refroidis alors une p'tite soupe, une p'tite p...omme et c'est reparti.

 

Montméjean, un p'tit coin perdu, très loin de la ville...

C'est reparti mais en marchant car nous avons décidé de terminer le ravito en marchant... c'est toujours quelques mètres de plus.

Après une centaine de mètres, les paysages sont vraiment magnifiques avec des passages dans la pampa, des descentes rapides, des chemins en ligne de crêtes... et Montméjean un vieux village en pierre, perdu à flanc de falaise. Bref, le pied je vous dis. En plus, les jambes sont revenues. Fab'? Il est dans sa course concentré à mort... A chacun ses moments de mou.

Mais celui qui fait le malin tombe vite dans le ravin et c'est en haut de la dernière vraie montée de ce tronçon que mes adducteurs donnent des signes de fatigue. Des sortes de crampes me saisissent. Finalement, après quelques foulées elles disparaissent.

Je peux ainsi apprécier plus sereinement la magnifique vue sur cette Corniche du Rajol. La descente s'annonce excellente...

 

STOP bouchon.

Nous voilà "bloqués" alors que la descente semble parfaite. Tant pis c'est le jeu... La mono-trace c'est top mais parfois c'est un peu frustrant.

La Roque Ste Marguerite est en vue et c'est tant mieux. Le passage dans le ruisseau à sec est une torture car ça bouchonne encore. La frustration commence à monter...

Heureusement, l'arrivée dans le village est un vrai bonheur. C'est le Tourmalet en juillet (ou presque). Fab' va pouvoir se refaire une petite santé. Un jeune homme le prend en charge au ravito... un peu de sel, une boisson qui booste et voilà un Fab' tout neuf pour les 20 derniers kilomètres.

Il est 12h49, nous sommes 1179ème et ça fait 6h30 qu'on "se balade" et c'est reparti.

 

Plus de Pom'pote!

Dès la sortie de la Roque... ça monte! Nous sommes sur un petit rythme mais le moral est assez bon. Il pleut encore ou plutôt toujours. Dans le groupe, il y a environ une quinzaine de coureurs. Ce n'est pas la grosse ambiance. Chacun est dans sa course. Le sel a fait effet sur Fab'. Pour ma part, la montée (encore une) vers Montpellier-le-vieux va être terrible. Une hypo à mi-pente m'empêche d'aller plus loin. Ravito forcé le long du petit chemin: 5 min. Je vide entièrement mon camel des barres et autres pains d'épices mais horreur... je n'ai plus de pom'pote.

Il faut repartir malgré cette triste nouvelle. Et une fois en haut... t'es encore pas vraiment en haut mais comme ça redescend faut bien remonter. L'hypo s'éloigne comme l'espoir de beau temps. Je repense à mon coupe-vent laissé à Peyreleau... Cette pensée me donne autant de sensations qu'une bonne platée de pâtes, c'est vous dire si j'en rêve.

Le passage dans la forêt au milieu de nul part me semble long mais pas autant que les deux kilomètres de descente vers Massebieu.

 

Putain de temps ...

La pluie a rendu le sol "pas palpable" (Pal si tu nous lis). Le sentier est devenu une vaste patinoire. Voici le mode d'emploi de cette descente:

1) Vise un arbre à moins de 5 mètres.

2) Ecarte les bras et baisse ton centre de gravité.

3) Elance-toi et c'est parti.

Au final 3km en 55 min pour une descente normalement de 12-15 min?

Et forcément y a un moment où oui mais non. Ce n'est plus possible. Alors je divague et annonce à Fab' que je vais abandonner. J'en ai raz le fion de marcher dans les descentes, de prendre 2 litres d'eau sur la tronche toutes les minutes et pis c'est tout. Et là Fab' va sortir un argument de derrière les fagots pour que je continue... Fais-le pour moi. Et effectivement, il a raison comme toujours. Les bleus auraient dit: "on vie ensemble on meurt ensemble" mais c'est pareil.

Alors bon, arrivés à Messabiau on prend le temps de se poser 5min et effectivement; il reste 6 bornes alors il ne faut pas lâcher maintenant.

 

Un hibou que nous ne verrons pas!

Nous repartons du village vers 16h50, nous sommes 1217 et la balade s'est légèrement allongée : 10h25.

La pluie dans cette dernière montée me casse le moral et je commence à avoir froid. En plus, le sentier ne passera pas à la grotte du hibou. La descente est devenue trop dangereuse. Le parcours a été modifié quelques instants avant notre passage. Tant pis mais c'est encore quelques centaines de mètres de gagnés.

Malheureusement pour nous, ce racourcit va nous emmener rapidement sur le bitume et ce, jusqu'à la ligne. Nous marchons pas mal, nous manquons un peu d'essence. Un soixantaine de coureurs nous double mais ce n'est pas grave. Millau est un peu plus bas et la fin du voyage semble ne plus être loin.

 

L'arrivée

Il y a beaucoup de personnes et je ne sais pas comment ils font. Ils restent là à encourager des anonymes sous une pluie battante. Alors avant tout, merci à eux et aux bénévoles qui ont fait un travail remarquable.

Avant les remerciements quand même passons la ligne. Il est quasiment 18h. Ouf, nous n'avons pas ressorti la frontale. Nico et sa bande sont là pour nous féliciter. Mais franchement ... ça fait du bien quand ça s'arrête.


28/01/2011
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LES TEMPLIERS : le récit

La Grande Course des Templiers


Le préambule

Il est quatre heure et le village de Peyreleau dort encore. Dans quelques heures, 2400 traileurs viendront rompre la quiétude de ce petit village aveyronnais : Km 23 sur le roadbook des Templiers. Pour tous les coureurs natures cette épreuve est un pèlerinage. On y vient pour ses paysages, son dénivelé (+ de 3000m positif) mais aussi pour souffrir 70 km. Millau comme point de départ et les Causses avec les gorges de la Jonte et de la Dourbie comme terrain de jeu…


Pour Fab’ et moi c’est une première. Après la course des Vulcain dans la neige en mars, après le tour de l’île d’Yeu dans le sable en juin, après le trek sur le GR10 en août, nous voilà « au pied » du Viaduc pour un défi que nous préparons depuis 4 mois.


Dans notre petit gîte ce matin l’ambiance n’est pas à la fanfaronnade. La grande course des Templiers est un train d’occuper tout notre esprit. La pression est palpable. Les longs silences mais aussi les regards inquiets annoncent que le compte-à-rebours a bien commencé. J’ai l’impression que ces moments se déroulent au ralenti. Ces instants d’avant course mêlant excitation et appréhension  ont une telle intensité que la course et le résultat ne semble plus avoir d’importance. Il s’agit juste d’être bien et de vivre ensemble quelque chose de fort.

Mais pour l’instant il est 4h15 et chacun s’est isolé dans « sa bulle » et se prépare tranquillement. Bouchée par bouchée j’avale un gatosport qui a du mal à passer. Malgré une préparation minutieuse la veille, je vérifie encore et encore mon Kamel. Je me bande les orteils pour éviter les ampoules et je prépare une poche hermétique avec portable, appareil photo et mp3.


L’heure tourne et il est temps d’y aller. Il ne pleut pas encore mais les prévisions météo de la veille vont très vite s’avérer exactes. Sur la route qui nous mène à Millau, les premières goutes de pluie viennent heurter le pare-brise. Il en faut plus pour nous décourager et c’est remonté à bloc, que nous arrivons à Millau. De nombreux coureurs sont déjà là et après « une pause derrière la haie » nous suivons le cortège sous une pluie fine à la lueur des lampadaire : il est 5h30.

 

Enfin sur la ligne…

La structure gonflable du départ est là, face à nous. Un petit cliché pour immortaliser le moment et c’est parti. Ah non ! J’ai oublié le dernier pipi, le pipi de stress, le pipi de trois gouttes dont une pour le slip. Cette fois c’est bon.

Il est 5H45 et enfin nous intégrons la foule de coureurs qui est en pleine effervescence. Certains retouchent leur frontale, ajustent leurs bâtons ou bien resserrent leur Kamel. D’autres discutent de leurs exploits ou de celui à venir… quelques uns aussi, restent là comme tétanisés, absorbés par l’événement.

 Pour ma part je pense au futur petit bout et à sa maman – je pense à la blessure toujours possible – je pense à la chance d’être là et puis l’émotion me gagne. Fab’ à côté n’est pas plus bavard. Nous écoutons au micro T.Lorblanchet, T. Breuil ou M. Giraud répondant aux questions du speaker. Nous ne les verrons pas … et je crains qu’on ne les rattrapera pas avant l’arrivée.

 

5-4-3-2-1-0... Ameno

Les feux de Bengale s'allument et la musique d'Era résonne dans la rue. Nous sommes en milieu de peloton et les premiers mètres se font en marchant. Cela me permet d'apprécier plus longtemps ce moment. Quatre mois pour ça, alors il ne faut pas se priver. Et il le fallait. L'effervescence nocturne aura vraiment été de courte de durée. Moins d'un kilomètre après le départ, première petite bosse. Cela m'oblige rapidement à "débâcher" (expression Mauricienne qui veut dire enlever la 3ème couche de vêtement).

Il fait vraiment bon à courir, la pluie n'est pas très insistante et les voyants sont au vert tout est parfait. Malgré tout, je suis tellement concentré que j'ai du mal à apprécier pleinement ces moments. Il me faudra bien plus d'une heure et l'arrivée du jour pour me relâcher et courir "sans pression" ou presque. 

Fab' m'a déjà lâché. Le Nesmysien semble avoir des jambes ce matin. C'est donc "seul" que je grimpe la montée de Carbassas. Cette petite 1/2 h n'est pas vraiment agréable. Nous somme vraiment nombreux et je grimpe un peu en sous régime. Je me dis cependant que c'est mieux ainsi. Cela m'évitera peut-être de me griller trop vite.

Il est 7h40 et la côte semble se terminer. La moyenne en a vraiment pris un coup. Objectif intermédiaire: 9 km/h à Peyreleau.

 

Et le jour se leva!

Sur le plateau, le rythme est assez bon. Je me sens un peu pris du nez mais les jambes répondent bien... heureusement car il reste encore 55 bornes.

Dans l'ensemble, je me fais doubler plus que je ne double. Je "croise" d'ailleurs Christian Auvinet qui commence à produire son effort. Juste le temps d'échanger quelques mots qui réussiront cependant à me mettre la larme à l'oeil... Petite musique dans les oreilles, une petite pensée à ma femme et à ma futur fille et le jour qui se lève. La petite brume dans la vallée se dissipe doucement : c'est magnifique.

 

Toujours pas de Fab' alors que nous commençons la descente. Finalement ça ne bouchonne pas vraiment. A peine le temps d'apprécier ces petites accélérations que nous arrivons à Peyreleau. La foule y est vraiment enthousiaste et ça fait chaud au coeur. J'y retrouve la bande à Nico (13ème la veille au 110 km) mais ...

 

Où est Fab'?

J'espère le voir au ravito mais personne.

_ Où est Fab'?

_ Il n'est pas encore arrivé!

Je me dis que finalement c'est plutôt pas mal et que je vais pouvoir ravitailler tranquille... Ben pas vraiment. A peine une minute nous séparait. Sur 23 km c'est ce qui s'appelle être synchro!

Nous bouclons donc ce premier tronçon en 2h48. Cela nous laisse 35' sur la barrière horaire. Enfin pas de quoi trainer non plus et d'ailleurs les gars nous pousse à repartir rapidement. Il faut effectivement bien se placer pour la prochaine montée si l'on ne veut pas perdre trop de temps.

La pause nous a fait du bien et c'est à deux que nous repartons. "C'est bon pour le moral.

Le sentier, le long de la Jonte, est assez agréable. Hors mis mon problème de pression (trop d'eau gazeuse dans le camel), c'est le pied.

Mais rapidement nous atteignons la grimpette vers le champignon préhistorique. Le mauvais temps poussera l'organisation à modifier le parcours : nous éviterons donc ce site soit environ un kilomètre et demi de gagné... Je prends...

 

Vers Saint André de Vézines

Mais cette montée va me faire mal. Les nombreux faux-plats me coupent les jambes, je ne peux pas relancer. Bref vivement le ravito pour recharger les batteries.

Nous atteignons la route, avec elle, les premiers spectateurs et leurs encouragements... plus que 500 m et ça descend.

Et c'est un peu dans le jus que le second CP est franchi. Soulagement nous sommes 1016ème et nous avons encore pas mal d'avance sur le temps barrière. 36 km en 4h 35.

Pendant le ravito, je sens que je me refroidis alors une p'tite soupe, une p'tite p...omme et c'est reparti.

 

Montméjean, un p'tit coin perdu, très loin de la ville...

C'est reparti mais en marchant car nous avons décidé de terminer le ravito en marchant... c'est toujours quelques mètres de plus.

Après une centaine de mètres, les paysages sont vraiment magnifiques avec des passages dans la pampa, des descentes rapides, des chemins en ligne de crêtes... et Montméjean un vieux village en pierre, perdu à flanc de falaise. Bref, le pied je vous dis. En plus, les jambes sont revenues. Fab'? Il est dans sa course concentré à mort... A chacun ses moments de mou.

Mais celui qui fait le malin tombe vite dans le ravin et c'est en haut de la dernière vraie montée de ce tronçon que mes adducteurs donnent des signes de fatigue. Des sortes de crampes me saisissent. Finalement, après quelques foulées elles disparaissent.

Je peux ainsi apprécier plus sereinement la magnifique vue sur cette Corniche du Rajol. La descente s'annonce excellente...

 

STOP bouchon.

Nous voilà "bloqués" alors que la descente semble parfaite. Tant pis c'est le jeu... La mono-trace c'est top mais parfois c'est un peu frustrant.

La Roque Ste Marguerite est en vue et c'est tant mieux. Le passage dans le ruisseau à sec est une torture car ça bouchonne encore. La frustration commence à monter...

Heureusement, l'arrivée dans le village est un vrai bonheur. C'est le Tourmalet en juillet (ou presque). Fab' va pouvoir se refaire une petite santé. Un jeune homme le prend en charge au ravito... un peu de sel, une boisson qui booste et voilà un Fab' tout neuf pour les 20 derniers kilomètres.

Il est 12h49, nous sommes 1179ème et ça fait 6h30 qu'on "se balade" et c'est reparti.

 

Plus de Pom'pote!

Dès la sortie de la Roque... ça monte! Nous sommes sur un petit rythme mais le moral est assez bon. Il pleut encore ou plutôt toujours. Dans le groupe, il y a environ une quinzaine de coureurs. Ce n'est pas la grosse ambiance. Chacun est dans sa course. Le sel a fait effet sur Fab'. Pour ma part, la montée (encore une) vers Montpellier-le-vieux va être terrible. Une hypo à mi-pente m'empêche d'aller plus loin. Ravito forcé le long du petit chemin: 5 min. Je vide entièrement mon camel des barres et autres pains d'épices mais horreur... je n'ai plus de pom'pote.

Il faut repartir malgré cette triste nouvelle. Et une fois en haut... t'es encore pas vraiment en haut mais comme ça redescend faut bien remonter. L'hypo s'éloigne comme l'espoir de beau temps. Je repense à mon coupe-vent laissé à Peyreleau... Cette pensée me donne autant de sensations qu'une bonne platée de pâtes, c'est vous dire si j'en rêve.

Le passage dans la forêt au milieu de nul part me semble long mais pas autant que les deux kilomètres de descente vers Massebieu.

 

Putain de temps ...

La pluie a rendu le sol "pas palpable" (Pal si tu nous lis). Le sentier est devenu une vaste patinoire. Voici le mode d'emploi de cette descente:

1) Vise un arbre à moins de 5 mètres.

2) Ecarte les bras et baisse ton centre de gravité.

3) Elance-toi et c'est parti.

Au final 3km en 55 min pour une descente normalement de 12-15 min?

Et forcément y a un moment où oui mais non. Ce n'est plus possible. Alors je divague et annonce à Fab' que je vais abandonner. J'en ai raz le fion de marcher dans les descentes, de prendre 2 litres d'eau sur la tronche toutes les minutes et pis c'est tout. Et là Fab' va sortir un argument de derrière les fagots pour que je continue... Fais-le pour moi. Et effectivement, il a raison comme toujours. Les bleus auraient dit: "on vie ensemble on meurt ensemble" mais c'est pareil.

Alors bon, arrivés à Messabiau on prend le temps de se poser 5min et effectivement; il reste 6 bornes alors il ne faut pas lâcher maintenant.

 

Un hibou que nous ne verrons pas!

Nous repartons du village vers 16h50, nous sommes 1217 et la balade s'est légèrement allongée : 10h25.

La pluie dans cette dernière montée me casse le moral et je commence à avoir froid. En plus, le sentier ne passera pas à la grotte du hibou. La descente est devenue trop dangereuse. Le parcours a été modifié quelques instants avant notre passage. Tant pis mais c'est encore quelques centaines de mètres de gagnés.

Malheureusement pour nous, ce racourcit va nous emmener rapidement sur le bitume et ce, jusqu'à la ligne. Nous marchons pas mal, nous manquons un peu d'essence. Un soixantaine de coureurs nous double mais ce n'est pas grave. Millau est un peu plus bas et la fin du voyage semble ne plus être loin.

 

L'arrivée

Il y a beaucoup de personnes et je ne sais pas comment ils font. Ils restent là à encourager des anonymes sous une pluie battante. Alors avant tout, merci à eux et aux bénévoles qui ont fait un travail remarquable.

Avant les remerciements quand même passons la ligne. Il est quasiment 18h. Ouf, nous n'avons pas ressorti la frontale. Nico et sa bande sont là pour nous féliciter. Mais franchement ... ça fait du bien quand ça s'arrête.


13/11/2010
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